Depuis que j'exerce auprès des mamans, je n'ai toujours croisé que des mères ayant la ferme intention de bien faire!
Mais de quoi s'agit-il quand on parle de "bien faire"? Comment savons-nous si ce que nous faisons est bien?
En général, nous nommons "bien" ce qui colle à nos convictions du moment! ou "mal", quand nous nous éloignons de ces même convictions!
Mais d'où viennent ces convictions?
-le fruit de toute notre histoire?
- de notre famille?
-de nos peurs?
- de la science, de la médecine?
- de nos lectures?
- de nos expériences passées?
- de l'expérience de nos meilleures amies?
- de milliers d'heures de lecture?
- de nos croyances?
- de notre intuition?
... ou peut-être de tout cela à la fois?
En réalité, nous sommes sans arrêt sous influence ...
Toujours est-il que, si nous évoluons, nos convictions vont se modifier avec le temps, au fil de nos apprentissages, de nos expériences, de nos rencontres... Et par conséquent, "nos bien faire" vont également évoluer...
et quand on aura eu la certitude de bien faire à nos 20 ans, nous n'en serons pas forcément certain à nos 30 ans...
Du coup, on va s'occuper de notre bébé, de la meilleure façon qui soit au moment où il est petit, mais que penserons-nous de nos choix quand il aura 30 ans, ou quand il deviendra lui même parent, et qu'il fera peut-être d'autres choix en nommant ce qu'il pense être nos erreurs?
De plus, nos actions sont dictées par nos convictions, mais également pas nos capacités du moment. Nos capacités correspondent à notre forme physique et morale. Celles-ci varient au fil des heures et des jours et sont déterminées par tout ce qui précède. Ainsi, accoucher après deux nuits blanches, ou des semaines de stress n'amène pas les mêmes résultats que accoucher en ayant nos premières contractions un matin après une bonne nuit de sommeil.
S'occuper d'un enfant de trois ans avec un nouveau-né dans les bras, après un accouchement et quelques nuits interrompues ne donne pas non plus une forme idéale pour faire coller nos actions à nos idéaux.
Nos actions sont donc déterminées par 1/ nos convictions et 2/ nos capacités au moment de l'action.
Nos résultats , eux, sont le fruit de nos actions, mais aussi de toutes les conditions extérieures dans lesquelles ont lieu nos actes. Ainsi, un allaitement avec un premier bébé qui adore se lover contre nous ne sera pas du tout le même qu'avec un deuxième bébé qui se tortille dans tous les sens, et tire sur le sein ... ou s'occuper de notre enfant de deux ans qui pleure sous les yeux d'une belle-maman au regard critique n'aura pas le même résultat que ces mêmes pleurs dans votre foyer, à l'abri de tout jugement.
Nous voyons donc que en tant que maman, les intentions sont toujours "bonnes". Mais lorsqu'on cherche à atteindre un quelconque résultat, il est soumis à trois variables non maîtrisables: nos intentions, (fruit de tout ce qui précède, tout ce qu'on sait et tout ce qu'on ne sait pas encore) nos capacités du moment, (en forme ou pas, moral à la hausse ou à la baisse, émotions) et toutes les conditions extérieures (météo, entourage, équipe médicale, finances, infos, influences, humeur de celui que l'on a en face, etc...).
Par conséquent, au vu des centaines de variables non maîtrisables qui interviennent dans le résultat, en aucun cas vous ne pouvez porter la responsabilité de celui-ci, quel qu’il soit! La seule chose que vous pouvez garantir c'est de faire de votre mieux compte tenu de vos intentions du moment, de vos capacités et des facteurs environnants: faire de votre mieux, avec les cartes de l'instant, et lâcher tout résultat, donc toute culpabilité!
Se souvenir qu'à chaque instant nous avons toujours fait de notre mieux avec les cartes de l'époque, qui ne sont pas celles d'aujourd'hui. Tout comme aujourd'hui, nous n'utilisons pas les cartes de demain, et nous ne sommes pas condamnables pour cela.
Qui est responsable de ces milliers de cartes? La vie!
Pourquoi un résultat et pas un autre? mystère de la vie...
Pourquoi telle maman pour tel enfant? et tel enfant pour telle maman?... Confiance dans la vie
Jouons notre rôle du mieux qu'on peut mais ne nous affligeons pas de ce que cela va donner!
Quel chemin et quels défis sont prévus pour notre enfant? cela ne nous appartient pas...
D'ailleurs, étant adultes, nous vivons tous nos propres défis, et cela n'appartient pas à nos parents. Et s'il donne l'impression que si, et qu'ils s'affligent trop de nos malheurs en s'en attribuant la responsabilité, cela peut être hautement agaçant. C'est comme s'ils ne nous accordaient pas de pouvoir sur notre propre vie, comme s'ils ne nous faisaient pas confiance pour traverser ce que nous avons à vivre ou comme si nous n'étions que leur extension.
Quand une maman s'attribue la responsabilité de ce qui arrive à son bébé, elle lui envoie malgré elle le message inconscient suivant: je suis responsable de veiller à ce que tu ne souffres pas (comment garantir cela?) quand j'échoue je suis coupable (= tu es victime de mon incapacité) et je ne suis pas à la hauteur,(= je ne suis pas une bonne maman...)
Ces enfants-là seront plus tard les premiers à se retourner contre leur mère pour verbaliser ce qu'elles leurs auront appris depuis tout petit: "je souffre, or tu es responsable que cela ne m'arrive pas", "je suis victime de ton incapacité", "tu n'es pas à la hauteur, tu n'es pas une bonne maman!"
Il est essentiel de rétablir la vérité auprès des bébés et de leur laisser sentir et entendre:
Je n'ai pas le pouvoir de t'épargner les défis de la vie (naissance difficile, maladie, prématurité...) mais j'ai le pouvoir de t'accompagner au mieux avec ce que je suis, à traverser les épreuves, et tant que j'en ai la capacité (physique et morale) je ferai de mon mieux! et je compte sur toi pour en faire de même. Ta vie et ta santé ne m'appartiennent pas.
Avec cette dernière partie de phrase vous faites naître chez votre bébé un sentiment d'existence, de compétences, essentiel à son épanouissement et à sa confiance en lui. Il est considéré comme un individu à part entière apte à recevoir ses propres défis de la vie, et non comme une petite chose fragile ballotté par la vie: une victime. Cela n'enlève en rien votre rôle: celui de l'accompagner, du mieux que vous pouvez, avec vos moyens.
Beau chemin de maman à vous toutes
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